Lundi dernier, dans le métro.
Un peu après quatre heures du matin. Ligne 6. Entre les stations Paradestrasse et
Platz der Luftbrücke. On passe des quartiers Tempelhof à Kreuzberg le temps d'un souffle chaud, sans s'en apercevoir. Voiture en tête de rame. Je n’arrive pas à garder les yeux
sur mon Simenon, à cause de la bonne femme assise juste en face de moi qui, en
plus d’être franchement laide, porte un T-shirt rose moulant – avec des
paillettes car les bonnes femmes ici adorent les paillettes argentées.
Ça n’avançe pas bien vite, parce
qu’il y en ce moment des travaux sur la ligne. Moi-même qui suis seulement
berlinois d’adoption, je sais qu’un coup de signal sonore donné par le
conducteur de rame au moment où l’engin quitte la station sert à prévenir les
ouvriers qui travaillent dans le tunnel. Je ne suis pas étonné non plus qu’il y
ait des coups de freins inattendus, assez brusques. Normal quand il y a des
gars dans le tunnel.
C’est vraiment une bonne femme
d’ici, une berlinoise mal fagotée – mais c’est un pléonasme. Une bonne femme d’ici
qui parle fort et sans réfléchir, d’une vilaine voix de cuivre, des fois on ne
sait même pas à qui elles s’adressent :
« Non mais, il a éclusé
combien de verres ce débile pour conduire comme un malade à quatre heures du matin,
ce crétin? »
Ça, c’était pour le conducteur
qui venait de freiner une fois de trop à son goût. Et juste après :
« Et vous,
vous n’avez pas honte de reluquer les seins d’une dame assise en face de vous
et qui veut voyager en paix ? »
Ça, c’était pour moi, et je crois même qu’elle a ajouté
quelque chose comme : espèce de dégoutant.
C’est pénible d’ouvrir
la bouche quand on n’aime pas parler le matin, mais il a bien fallu que je lui
dise la vérité. C’était quelque chose comme : je me fous de vos foutus
nichons. S’il y a une inscription sur votre T-shirt, c’est bien pour qu’on la lise,
non ?
Il faisait dans
les trente degrés. A trois rangées de
moi, il y avait également deux dames turques, empaquetées dans des manteaux serrés
qui descendaient jusqu’aux genoux, foulard serré jusque au cou, comme on leur
dit de faire. C’était comme tous les autres jours. Les jours où il m’arrive de
remarquer un type défoncé qui boit sa bière dans une bouteille dont le goulot
est fracassé, quitte à se fendre les lèvres, ce con. Ceux où j’aperçois une fille en
bas résille mouchetés, sauf que les mouches sont des têtes de mort.
"Be bear, Be bitch, Be Berlin"... En version chantée, le poème sonne un peu trop mélo, non?
RépondreSupprimer"Be bear, Be bitch, Be Berlin"... En version chantée, le poème sonne un peu trop mélo, non?
RépondreSupprimerC'est tout un programme. Mais c'est chanté par qui ?
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