lundi 15 janvier 2018

Nettoyage à Sec



 16 Janvier 2018. D’après ce que je lis et relis, les Rosenberg étaient bel et bien coupables du crime d’espionnage au profit des Soviétiques. Et les manifestations en leur faveur en France étaient organisées par le PCF, qui détournait ainsi l’attention de l’antisémitisme qui existait en URSS.

Suite à la Tribune des Cent Femmes qui s’insurgent contre le hashtag Meetoo, on lit ici et là que Deneuve s’est fait lyncher par la presse internationale. Je souris. Voilà une semaine, le Spiegel a publié un éditorial signé par je ne sais plus qui. Disons une féministe grand teint, qui reprochait à l’actrice et ses cosignataires de dédramatiser les souffrances des femmes victimes de viol et de harcèlement sexuel. (C’est amusant, d’ailleurs, ces mots qui sont à la mode et ces choses dont on où demande de nous offusquer.)

L’éditorial était ouvert aux commentaires, dont une grande majorité félicitait l’actrice de remettre les choses à leur place. Comme quoi j’ai de plus en plus l’impression qu’il existe un écart entre la Presse et les lecteurs de la presse qui savent réfléchir sans appartenir à un groupe ou un courant de pensée. Dans sa lettre publiée aujourd’hui dans les colonnes de Libé, Deneuve affirme le peu d’estime qu’elle a pour une époque où l’effet de meute prédomine, amplifié par les réseaux sociaux. Je me sens en phase avec ça.

Je relis « Cité de Verre », de Paul Auster. Une idée qui me trottait dans l’esprit depuis longtemps, pour voir si mon opinion restait la même avec le temps. Je confirme. Vingt ans ont passé depuis la première lecture. Je persiste dans mon idée que le premier chapitre est toujours d’une force et d’une originalité fracassantes. Et je maintiens qu’à mon sens toute la suite de la trilogie se compose d’hectolitres de jus de cerveau. J’en suis le premier désolé, car jamais je n’avais attendu autant d’un livre après les vingt premières pages.

Je ne sais vraiment plus quel journal lire. Le Figaro me donne des boutons. Le Nouvel Obs la nausée. Libération des crises d’urticaire. Même armé de rince-doigts, je reste allergique aux articles du Monde. Je répète tous les jours qu’un jour je ne lirai plus presse et je me parjure tous les jours – sans doute à l’idée de mon père qui ne me le pardonnerait pas. J’aurais même droit à une sacrée engueulade. 

Pour Polanski, je réfléchis. Violer est un crime. Mais si on avait assassiné ma femme enceinte de huit mois, je suppose que ma notion du bien et du mal serait assez élastique. Donc je continuerai à regarder Rosemary’s Baby tous les six mois. Pas d’inquiétude. Et à relire Céline. À aimer des artistes forts dont les propos sont parfois dégueulasses, et à en éviter d’autres, insipides mais estampillés « convenables. »

1 commentaire:

  1. D'accord avec toi... Malgré ses erreurs, Céline reste inégalable. (De toute façon, Céline ne détestait pas spécialement les juifs, il détestait tout le monde. Et en même temps soignait gratuitement les pauvres...) "Mort à crédit" me "ressemble encore + que "Voyage au bout de la nuit", j'adore aussi la trilogie avec "Nord" etc... Superbe article ce "Nettoyage à sec"!

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